Editions pocket (septembre 2014)
762 pages
8€80
Présentation de l'éditeur:
1321, en Angleterre. Le village d'Ulewic est déchiré entre deux âges, entre légendes païennes et croyances chrétiennes, entre le manoir de Lord d'Acaster et la communauté nouvelle des sœurs béguines, jusqu'alors bien tolérées. Mais les choses commencent à changer. Des saisons rigoureuses, récoltes gâchées et troupeaux dévastés, réveillent des peurs ancestrales. Le besoin d'un bouc émissaire se fait sentir. Un groupe d'hommes du village, dont on ignore l'identité, va en profiter pour s'en prendre aux béguines et semer la terreur, le meurtre et la superstition... faisant entrer Ulewic dans le temps des âges sombres.
En résumé - Le village d'Ulewic est un lieu partagé entre différentes croyances. Les habitants vivent sous la pression de l'Eglise mais également des Maîtres-Huants, une sorte de secte maléfique qui extorque de l'argent aux villageois, en échange de leur protection, et qui fait régner la terreur. Alors quand un groupe de Sœurs décident d'installer un béguinage aux portes de la ville, et que la maladie et la faim devient le quotidien des villageois, les esprits ont vite fait de se retourner contre ses femmes qui n'obéissent qu'à elles-mêmes et à Dieu. La terreur s'empare d'Ulewic pour le malheur du plus grand nombre. La foi de ces Sœurs sera-t-elle suffisante pour sauver le village? Pour le savoir, il faudra le lire!
Pourquoi ce livre ?- J'aime beaucoup les romans historiques, et l'époque de celui-ci recèle de croyances et d’événements qui se prêtent à des histoires passionnantes. C'est pourquoi je n'ai pas beaucoup hésité à la lecture du résumé.
Une plume maîtrisée - Je ne connaissais pas l'auteur avant cette lecture et finalement je n'ai pas de défaut particulier à relever dans ce roman. L'auteur a su nous dresser un tableau complet de ce village, de ces habitants et de toute l'ambiance on-ne-peut-plus pesante qui règne sur Ulewic. On avance tranquillement dans l'histoire, les chapitres alternant les points de vue des personnages importants. Cette alternance permet d'avoir une vue complète de la situation mais surtout d'être au plus près de l'évolution des personnages, du bon ou du mauvais côté. Même si je n'ai pas été emportée par cette histoire, je ne me suis pourtant pas ennuyée tout au long de ces 762 pages, ce qui prouve la qualité d'écriture.
Un contexte historique nouveau - Si je suis plutôt au fait des conditions de vie du Moyen-âge, de la main mise de l'Eglise sur la population à cette époque, des épidémies etc, l'auteur m'a permis de découvrir ce qu'est un béguinage. Je dois dire que je me suis posée beaucoup de questions au début de ma lecture, ne connaissant pas du tout ce terme, et j'ai fini par faire des recherches qui ont pu m'éclairer. Je pense qu'un certain nombre de lecteurs doit être dans ma situation et j'aurais trouvé intéressant de mettre une petite note en bas de page par exemple; expliquant la nature d'un béguinage (pour votre culture G, c'est une communauté de femmes pieuses, comme un couvent mais sans les vœux prononcés). Ces " béguines" vont être au centre de cette histoire et on découvre une vraie communauté de femmes avec des caractères et des convictions forts, qui consacrent leur vie aux autres qu'elle qu'en soient les conséquences. Et dans cette optique, elles se retrouvent comme étant les ennemis numéro 1 des Maîtres-Huants, un groupe d'hommes qui se cachent derrière des masques de hiboux et qui font régner leur propre loi sous couvert de protéger la population, qui doit parfois payer de son sang. Ce ne sont pas de simples hommes car ils en appellent à des forces maléfiques pour faire régner la terreur, et c'est ce qui donne un petit côté fantastique au roman. Cela reste cependant très léger, et je me demande même si le monstre n'était pas une métaphore de quelque chose, plutôt qu'un réel monstre.
Des personnages complexes - Comme je vous le disais, les points de vue alternent entre plusieurs personnages qui sont Servante Martha (la "chef" des béguines), Osmanna (une des sœurs), Béatrice (une autre sœur), Pisseflaquette (une enfant du village) et le père Ulfrid (le prêtre). Chaque personnage va évoluer au fil de l'histoire et aucun d'eux ne sera le même au début et à la fin du roman. Le père Ulfrid est celui qui a eu l'évolution la plus négative. Au début de roman, je l'ai trouvé gentil, attentionné et on voit qu'il n'est finalement qu'un homme, avec les faiblesses associées et qu'il est plutôt compréhensif avec les villageois et les difficultés qu'ils rencontrent. Mais plus les jours passent, plus il se rapproche des prêtres de cette époque, cupides, qui utilisent la crainte de Dieu pour obtenir ce qu'ils veulent.
Les personnages des béguines vont également évoluer, se dévoiler au fil des pages et on va apprendre à mieux les comprendre grâce à cela. Béatrice va également révéler la noirceur de son âme, blessée par tout ce qu'elle a vécu auparavant, elle va devenir une personne amère, limite délirante, qu'on peut plaindre autant qu'on peut la détester.
Une place importante est donnée à la foi dans ce roman. J'ai du mal à dire si c'est une volonté de l'auteur de faire passer un message, ou si c'est seulement en lien avec le contexte historique, mais en tout cas, tous les points de vue sont proposés et à chacun de faire son choix.
En bref - Un roman qui sait nous donner envie d'en savoir plus, qui mêle l'historique et le fantastique, la piété et la sorcellerie, mais auquel il a manqué selon moi un fil conducteur, comme si l'histoire n'avait ni début ni fin.
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